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tentatives
3 août 2008

Olivier Adam

Je viens de terminer la lecture de Falaises d'Olivier Adam.
Ça parle de la disparition, des autres et de soi, des autres en soi, de soi dans les autres, mais d'une disparition étagée, parfois soudaine et violente mais toujours cheminant lentement en soi. Ça parle de la survie aussi, de la persistance des images et des présences au delà de cette disparition.
J'avais déjà lu quelques nouvelles de cet auteur, j'avais aimé mais le tableau était très sombre, au plus un camaïeu de gris. Dans Falaises je perçois la lente tentative de jeter sur le déroulement d'une vie un regard qui perce l'opacité des souvenirs, une tentative pour retrouver la transparence du regard, pour cheminer jusqu'à cet instant du point final, jusqu'à ce réveil qui ouvre plutôt qu'il ne clôture la fin du livre : "Je sais déjà qu'à mon réveil, quand j'ouvrirai les yeux les rideaux, tout sera calme et lumineux."
Je retrouve dans de nombreux passage de ce livre les mots qu'il me manquaient pour approcher le pourquoi de certains de mes tableaux. On me demande parfois si ces êtres évanescents qui figurent sur certains d'entre eux sont des fantômes. Mais l'imagerie populaire a trop limité la portée de ce mot : non, ce ne sont pas simplement des revenants!" Ce serait plutôt des traces engourdies qui demeurent en nous, des disparitions non abouties ou le simple constat que peut être rien ne disparaît jamais tout à fait.
Voici certains des passages de Falaises qui les évoquent mieux que je ne saurais le faire, même si ce livre ne peut se résumer à cela car il est, le long de ces 187 pages, l'exploration non linéaire de ce qui constitue l'auteur, son image livrée en creux. Comme une sculpture de soi qui laisserait voir autant l'absence que sa présence. Un bloc de chair et d'âme à travers lequel on pourrait voir.

"Mon frère a disparu et au fond, d'année en année, de rencontre en rencontre, d'escale en escale, c'est ce qu'il semblait faire. Je le reconnaissais un peu moins chaque fois, ses gestes anciens s'effaçaient sous de nouveaux, ses sourires, ses attitudes, son visage sous d'autres sourires, d'autres attitude, un autre visage. Mon frère changeait comme on s'efface, se recommence et, dans ce processus irréversible, bientôt je fus la dernière trace d'une vie passée, et qu'il voulait oublier." 

"Je marche vers le plage, la terre glisse et mes pas y creusent des traces. Quelqu'un me regarde, il y a quelqu'un dans mon dos, je me retourne et il n'y a personne, juste le voile que laisse une absence, une ombre qui se retire. Comme le creux que fait ma mère dans mon ventre, comme celui que fait mon enfance. Une empreinte, un fossé, à peine plus, à peine de quoi croire qu'il y eut quelque chose plutôt que rien."

Falaises, Editions de l'Olivier

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