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tentatives
13 décembre 2007

André gide

Voici de nouveau une de mes représentations d'André Gide :

tentative_28

Je peins "des Gide" depuis que j'ai commencé à peindre. Le premier "vrai" tableau, c'est celui là :

gide

Cela m'a pris un soir alors que je travaillais à mon mémoire de lettres sur les Faux monnayeurs. A cours d'idée ou de mots pour les exprimer, je m'étais laissé aller à ce tableau très spontané; la première fois que j'utilisais la cire sur planche de bois.
Depuis les représentations d'André Gide continuent à jalonner mon parcourt pictural. Son entêtement à affirmer qu'il ne voulait être jugé que sur son style (et pas sur ses idées) est très proche de mon appréhension de la peinture. Je considère en effet que la technique prime par dessus tout; et par technique je n'entend pas le brio ou le tour de main qui consisterait à reproduire fidèlement l'image morte de la réalité, mais l'élaboration lente et essentielle de son propre rapport à la matière peinture, le domptage hasardeux de la fuyante couleur. Essayant d'être le plus sincère possible, au plus proche de son instinct, il me semble alors que la technique finit par charrier avec elle l'essence du technicien.
C'est ainsi que j'affirme et assume que la peinture est avant tout instinctive, sans être pour autant dénuée de sens. Mais si sens ou idée elle recèle, ce n'est jamais qu'à postériori qu'ils doivent se révéler. Encore faut-il savoir lire en ce médium.

"L'oeuvre d'art ne s'obtient que par contrainte et par la soumission du réalisme à l'idée de beauté préconçue." André Gide - Prétextes

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Commentaires
N
Vu mes références,<br /> n'ai-je pas déjà dit que c'est aussi un peu Bernard Laporte ?
L
A survivre en deçà des formes, on émerge marginal, distancé par son avance, témoin de sa propre exhibition. Tout paraît dérisoire alors qui ne naît de l'épaisseur et que n'anime l'origine.<br /> D'abord, il y a le refus, le mutisme, la vacuité. Après peut survenir une urgence. Seulement, il n'y a pas à désirer le probable. Il y a à provoquer les circonstances propres à le révéler, puis advienne ce qui doit devenir dans l'avancée de l'absence vers l'absence.<br /> Et c'est dans la perspective étroite d'une transparence que s'avance la peinture, l'émotion et la sensation d'un voile presque opaque où se tente l'émergence d'une couleur, d'un trait, d'un tact, depuis ce qui les a faits naître jusqu'à ce qui provoque en nous la naissance de cet insaisissable, et, par ce parcours éprouvé, la source d'un appel à l'ouverture, à cette avance vers quoi elle nous convie dans la pénétration de sa fuite et de sa figuration, dans l'imminence d'une faille où va se former une rupture de l'instant dans l'instant pour se laisser glisser vers d'autres instants plus fugitifs sans créer de vide mais plutôt un vertige en strates et comme pour éviter leurs irrémédiables aboutissements toujours reculés qui feront surgir dévisagé et défiguré, dans et par leur mouvement forcené, l'empreinte de leur apparition déviante, autant que le sentiment et l'acte rappelés à l’empreinte qui se formule à ce même parcours dans l'épaisseur de sa matière et de sa dérive : se déchirent, s'enfoncent, s'arrachent, s'évanouissent, s’apparaissent, les formes qui ne se touchent pas sans réclamer notre abandon ou d'en vouloir le nom de son origine et de sa description vécues qui, elles seules, peuvent emporter tout sens.<br /> Les formes, d'en vouloir leur connaissance, devinent, débutent et se créent pour suivre et s'unir à la poussée. Avant de se dégager, les forment laissent en traces ce qu’elles contiennent de plus vivant, leur ascension ou leur déchéance, alors, se font vaporeuses ; la perte ne ramasse que cette forme qui la réduisait, le gain n’avance qu’en chevauchant l’effondrement. Les formes à l’achèvement deviennent la forme et toute forme, à cet instant, se sature de son contenu, oblige et enfonce à tous ses espaces. Sans cela, à l'instant de naître, elle serait déjà épuisée – ou traquée pour toujours en ses traits étriqués, ce qui serait disparaître autrement... Ainsi, délivrant d'autres vues, la forme s'ouvre, familiarise le trouble et, nous entraînant jusqu'à la limite de cette perte, de cette rature aussi, qu'elle dévoile, nous enseigne de la désirer autant que le vif. Dès lors, la spontanéité de cette trace, qui alloue un lointain à l'autre, rend possible l'acquiescement de sa prolongation et de son prolongement. Le final réside au-delà de ses confins ; néanmoins, elle continue d'avancer sans dessein, s'engageant vers un au-delà infini du rien qui est aussi le tout, où chaque commencement évolue sa poussée et la dégage, excitation continue qui se nourrit de ce qui la consume de devenir. Cette forme nous engage à désavouer tout un souvenir d'harmonie pour retrouver une nouvelle harmonie. Poussés vers la possession d'une ligne, nous sommes sans débouchés et sans suites. La forme restera dégagée. Nous ne confinerons jamais sa fatalité dans la nôtre. Qu'elle jaillisse, dans ces conditions, impérissable d'une ligne acharnée à se garder vivante, et elle se fait comme nous préservons à ceux qui nous ont échappés le secret intact de leur face. Notre situation n'est plus où s'engage leur lutte et leur rencontre.<br /> Mais pourquoi une apparence ? Pourquoi le dénuement de notre fragilité le réclame-t-il ? Emprunter son inclination vers sa déperdition autant qu’à son échappée serait sa vraie chance. Le probable exige une empreinte puis la fertilise, engage en elle le possible. Comme perpétuelle nouvelle apparition qui désire former l'origine, tout dans cette vision s'est vêtu et s'est protégé de traits brutaux que leur propre brutalité anéantit pour faire de la présence une œuvre imprévue. L’œuvre vit l'insuffisance de sa matière pour se perpétuer loin d'elle-même. Là : la trajectoire vers l’aboutissement rêvé de l’œuvre, ce que la perte ne peut atteindre. Allié au désir de s'abandonner à l'obscurité des origines et à leurs épanouissements insensés, l’œuvre est entraînée vers d'autres profondeurs que les siennes propres, et là, s'émancipant, décèle sa totale intégrité. Nous pensons la créer, et c'est elle qui, intérieurement, nous crée. Son souffle la mènera plus loin que son désir car, dans l'espace de cet impossible dont il faut se remettre, la conscience n'y répondrait pas. L'entendement veille, mais comme à travers le verre, et ne peut, privé d'appui, esquisser un retour. Mais il peut plus : enfermé en cette foule de perspectives et de possibles, il prend part au vivant absolu et obstiné, pas plus inexistant que nos instants acharnés à leur perte ou d'avancer dans leur possible : l’œuvre seule est trace existante du trajet. L'intention de forme donne de la créature. La forme paraphe l’être. L'imaginaire pense l'existant et le rabat à l'existence. La matière observe son extrémité, le mouvement la franchit comme une apparence : pas de trame, pas de but, mais une matière absolue où l'incarnation s'efface dans la totalité de sa confusion, c'est à dire cette autre matière, cette figuration où l'existence s'enfonce dans la densité et la profondeur ouverte d'une transition inhabitable. Dès lors, la vue va vers la surface, effleure la consistance d'une durée, marque dedans la déchirure où exsudent, saignent et s'essaient d'autres traits. La matière de la traversée se mêle à l'acte qui fait franchir, scrute sa présence dans ce qui l'achève, l'empreinte qu'expire notre propre effacement.<br /> Ici, la durée délaisse le sort des apparences et des états, la matière trouve son langage. Profondément illisible et sans désir d'un regard pour être, quelque chose d'authentique prend corps pour évoquer le passage de la matière à l'ineffable de son geste sans y perdre son identité. Ainsi, la matière est emportée dans une connaissance qu'elle ne connaît pas. Quelque chose s'y devance, quelque chose qui n'est pas le passager de notre passage. <br /> Parfois, absents, d'un autre profil de la vue, nous confions en preuve d'union les détours de notre vue. Mais la traversée ne s'apprécie pas à l'écart dépassé ; elle se ressent dans son trajet et ne vit que dans sa trace ; l'arrière vue n'éternise ni ses erreurs, ni sa poussée avide. C'est seulement dans un arrière-là qu'elle peut prendre matière et tirer un devenir. Mais, une ombre, et nous voici prisonnier des silhouettes qui fixent l'instant de vue, indécis, par la faute de notre impossibilité à demeurer. A la limite de ce qui est infini, la vue ne traîne plus ; et l'inspiration, associé à l'inquiétude et à l'instant, figure enfin sa quiétude. Elle dérobe sa matière pour d'abord s'affubler, puis saisit une âme afin de rester dépouillée, peut-être, par cette couleur qui dénonce toute profondeur limpide.<br /> Alors toute forme tombe. Quelqu'un parle près du trait, de sa courbe, de son opulence. Ici, il y a et il n’y a plus de souffle. Les questions se posent encore, intactes, à la matière. L’annotation au-devant, entassée près de la matière et des traces… Penser aussi, être le créateur, le truchement, l’exégète, la marque et le pourquoi des marques, le choix de notre empreinte sans pouvoir sur ce qui s’est fait de nous... Pourtant, notre entêtement à ce qui se dit et se fait… nous le soutenons, ce qui fut là apparié, joint, uni... Comme au rituel d'un éclat brisé, à ce contraste, cette fuite plus ample, plus souple, plus aisée, d’en être l’étranger presque libre, d’en croire par moment à l’inspiration ou au semblant de relation et d’aveu, de témoignage quasi linéaire, coloré et sinueux. L’harmonie plus loin, paradoxalement brusque, avec ses plis et replis, son désordre, sa surface et son apparence cahotée, lisse à chaque couche.<br /> Toute trace s'élance de notre regard ou bien l'arrache ? Le devenir dévore dans son geste et ensevelit sa similitude dans sa propre vue. Il rend à la vue la modernité de son apparence par le geste qui se fait. Il n'y a qu'à s'y ravir, maintenant, sans rien de la mémoire ni de la volonté…
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